On pourra vous retrouver le week-end du 3 et 4 octobre à Trouville-sur-Mer pour les 25è rencontres Marguerite Duras. Comment présenteriez-vous ces animations ?
Ces rencontres Marguerite Duras n’ont pas toujours eu lieu à Trouville, elles ont eu lieu aussi à Duras, village du Lot et Garonne, où Marguerite Duras revenait quand elle rentrait d’Indochine enfant. C’était le village de son père. Elle s’appelait Marguerite Donnadieu et a pris le nom de Duras, en hommage à son père décédé alors qu’elle n’avait que 4 ans, en souvenir de ce lieu de l'enfance.
Ces Rencontres Marguerite Duras initiées et présidées par l'auteur Alain Vircondelet, prennent place depuis de nombreuses années à Trouville-sur-Mer, le premier week-end d’octobre, avec au programme une exposition photographique, 3 artistes viendront exposer cette année, du théâtre, des lectures et conférences et la projection d'un film. Le thème de cette année est la Maison. Les lieux qui ont inspiré Marguerite Duras, ses lieux de vie aussi. Trouville en est un, elle avait un appartement aux Roches Noires, qui donne sur la mer. Chaque année, le spectacle a lieu dans ce hall, un endroit magnifique. Cause Covid, tout aura lieu à l’hôtel de ville cette fois-ci, c’est pourquoi il est important de réserver car, malheureusement, la jauge sera restreinte.
L'exposition proposera des photos des Roches Noires, de Neauple-le Château, lieux de vie, d'écriture et de tournage de ses films, et du Platier à Duras où Marguerite Duras rentrait l’été. Maintenant, c’est une sorte de domaine laissé à l'abandon car la maison s’est déconstruite. C’est devenu une sorte de jungle. C’est aussi très intéressant vis-à-vis de son œuvre, elle qui a grandi dans une jungle au Cambodge et au Vietnam. J’ai eu l’occasion de voir ces photographies, elles sont très émouvantes et inspirantes. Elles sont un fort référent à l’œuvre de l’auteure.
La comédienne Judith Magre interprètera Ecrire publié en 1993 et je ferai, quant à moi, des lectures du roman lauréat du Prix Marguerite Duras qui sera décerné le samedi midi à l'Ouverture de ces deux journées de Rencontres Durassiennes. Je participerai également à la table ronde du dimanche matin, sur les lieux d’écriture et sur les lieux d’inspiration de Duras. J’y ferai des lectures qui étaieront les interventions des spécialistes de son œuvre. J’y apprends toujours plein de choses, ce sont des mines d’or pour la jeune passionnée de son œuvre que je suis depuis 20 ans.
On imagine votre joie de participer à ce bel événement ?
Ça me tient à cœur d’être là, pour la sixième année. L’année dernière, j’avais présenté un spectacle que j’avais créé au Cambodge avec la violoncelliste Cécile Lacharme, recueil de plusieurs textes qui suivent le parcours de la mendiante de Battambang le long de la plaine des Oiseaux. J’ai l’habitude de jouer depuis plus de quinze ans dans les Instituts français et Alliances françaises partout dans le monde, particulièrement au Cambodge, au Vietnam, en Inde et au Népal. Je m’intéresse principalement à l’œuvre Indochinoise de Marguerite Duras, son enfance, son adolescence, toute sa construction intime et personnelle. On y retrouve souvent des ressorts intrinsèques à son passé. Je pense notamment à un personnage que je travaille depuis une dizaine années, celui d'Anne Marie Stretter. Une femme qu’elle a croisée quand elle était enfant. C’était la figure féminine pour elle, libre, maternelle, à l’opposé de sa mère. Personnage à la fois sulfureux et d’une beauté inimaginable, dont le Vice-consul, interprété par Michael Lonsdale, qui vient de nous quitter, dans le film India Song de M. Duras, disait: Certaines femmes rendent fous d'espoir, celles qui ont l'air de dormir dans les eaux de la bonté sans discrimination... celles vers qui vont toutes les vagues de toutes les douleurs, ces femmes accueillantes.MD
Je crée mes spectacles en France depuis plus de quinze ans, j’adapte les romans de Marguerite Duras et non pas ses textes de théâtre dont je me sens moins proche. Je les adapte sous la forme de monologues pour la scène, je suis donc seule, avec une bande sonore cinématographique très importante, qui vous plonge dans le Saigon des années 20, avec les bicyclettes, les bruits, les vendeurs ambulants de soupe… Je me sens extrêmement concernée par cette période-là, par la guerre d’Indochine aussi après. Ça m’intéresse de les jouer en France auprès d’un public français mais ça m’intéresse aussi beaucoup d’aller questionner les étudiants qui apprennent notre langue dans les Instituts et Alliances françaises dans les pays que j’ai évoqués. Je leur parle aussi de ma passion pour l’écriture de Marguerite Duras. On évoque ces histoires qui nous lient. Je suis toujours émerveillée, depuis quinze ans, de leurs retours.
la suite en cliquant ci-dessous... Merci Julian Stocky
Les Rencontres Marguerite Duras, et l'actualité de la comédienne Maud Andrieux